Le rôle des politiques publiques dans les développements de la crise.
« La fin de la crise est encore loin», affirme Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie de 2001, dans une tribune du journal les Échos. «Des subprimes, aux dettes, la crise n’est pas près de finir», titre de son côté le Monde.
Il nous faudrait donc nous installer durablement dans une crise qui va camper au beau milieu de l’élection présidentielle française. Le risque est réel. Pourtant, à l’image de Christine Lagarde, l’on nous avait promis la «rilance», mélange qui devait marier la rigueur et la relance. En réalité, on a eu l’austérité, mais pas la relance. Pourtant, Nicolas Sarkozy nous avait assuré en 2010 que le chômage allait reculer et l’économie repartir.
En vérité, avec les nouveaux développements de la crise mondiale et de la zone euro, une illusion néolibérale est mise à mal.
Celle qui considère que, pour relancer l’économie, il faut que l’intervention publique permette aux capitalistes de retrouver très vite leur compétitivité, c’est-à-dire un haut niveau de rentabilité financière. Et effectivement, en 2010 et début 2011, nombre de banques ont affiché des profits en forte hausse grâce au soutien public dont elles ont bénéficié. Elles ont pu redresser leurs comptes, notamment en empruntant à 1 ou 1,5% auprès de la Banque centrale européenne et en prêtant à 2,5% ou 3 %, voire à 13% ou 15% aux États endettés de la zone euro.
Les groupes du CAC 40 ont de leur côté dégagé au premier semestre 2011 plus de 47milliards d’euros de bénéfices, en hausse de 7,4% sur 2010, grâce à une gestion tournée vers les économies de main-d’œuvre et les transferts d’activité vers les pays émergents.
A la Libération, le capitalisme a trouvé les ressources pour résoudre la crise commencée dans les années trente, grâce à une régulation encadrée par l’État et s’appuyant sur un secteur nationalisé important.
Aujourd’hui, l’intervention publique a certes permis d’éviter l’effondrement mais, telle qu’elle a été conduite, elle a contribué à porter plus loin le fer de la crise au point d’en subir elle-même les effets. Résultat, l’Europe souffre à la fois d’endettement public, d’une croissance atone et d’un taux de chômage dramatique.
Cela appelle une révision radicale des politiques publiques conçues comme des béquilles du capital. Une réflexion sur le rapport public/privé est urgente à gauche à l’heure d’une révolution technologique qui appelle un rôle nouveau des hommes dans l’entreprise et la société.
Il faut changer la finalité de l’intervention publique afin qu’elle puisse réellement et durablement transformer le privé. Cela passe évidemment par des lois mais aussi, et surtout, par une intervention populaire seule à même de guider efficacement l’action publique.