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Serge Jaeggy
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6 mars 2011

La culture de l’art

 

Le ministère de la Culture dévoilait il y a peu le mot d’ordre de sa politique sous la forme d’un slogan « la culture pour chacun » et d’un sigle dont nos dirigeants ont le secret : CPC.

Mais qui sont ces « chacun » qui ont a priori besoin d’être pris par la main, et amenés à la culture à laquelle ils échappaient jusqu’alors ? A priori seulement amenés, car dans le rapport que Guillaume PFISTER et Francis LACLOCHE ont commis pour le ministère, il s’agit d’avantage de ramener au rang de culturel les divertissements qualifiés jusqu’à là de populaires.

Certes, les définitions de la culture, de l’artiste et l’art sont elles-mêmes sujettes à débat depuis des millénaires. Pour certains, un musicien de rue est plus proche du vagabond que de l’artiste. Pourtant, c’est un musicien et donc par essence un artiste. Mais un artiste n’est-il pas un créateur et le musicien, lui, l’est-il ? Il l’est par son  interprétation particulière d’une œuvre, même s’il est guidé en cela  par un chef d’orchestre. Mais soit, il est artiste. Dépositaire de la technique nécessaire pour faire le lien entre une œuvre, crée par lui ou non et de l’émotion qu’il transmet à l’auditeur, l’endroit où à lieu cette transmission fusse la rue n’y changeant rien. La culture peut donc être partout. Mais est-elle toujours là où l’on veut bien nous le dire ? Il faudrait tenter une fois encore de la définir, et les difficultés historiques inhérentes à circoncire le concept ne seront certainement pas surmontées dans ces quelques lignes.

Si pour Hegel l’art permet à l’humain de se réaliser au travers du Beau, l’idée, pour faire court, a été mis à mal par Duchamps et sa pissotière, qui sont venus remplacer le concept de beauté par celui de sens dans l’œuvre, et introduire la très forte contradiction entre faire du subversif et trouver son public. Mais si souvent la subversion et la provocation  habite l’art contemporain, celles-ci sont aussi parfois les limites de  ces œuvres car trop liées aux discours qui les fondent. Si le public n’est- pas au rendez-vous d’une œuvre, d’un artiste, c’est que souvent celle-ci ne possède plus un niveau de lecture accessible sans une connaissance de la genèse de celle-ci

Mais pourquoi ne pas mettre en œuvre une politique visant à l’éducation artistique populaire à tout âge, à l’éducation à la curiosité, au jugement, à la réflexion, à l’acquisition des clés permettant tout au moins une meilleure compréhension de ce qui peu paraitre rebutant. En considérant l’art comme une expression du social (Adorno) quoi de plus naturel de laisser s’exprimer et d’aider tout un chacun à le faire ? Car si permettre l’accès à la culture (tarifs, acheminement, rapprochement des œuvres) est une nécessité, elle ne permet que sa consommation ce qui n’est pas suffisant. L’accès à la créativité, au rôle de créateur, comprendre en produisant sa propre culture artistique et non en consommant celle vendue comme une marchandise par les médias, est probablement  le moyen le plus sûr d’enrichir les possibilités d’expressions et d’acquérir une attitude critique

Le divertissement permanent, et une régulière désinformation culturelle dont le premier but avoué est mercantile, noie au détriment d'une culture qualifiée péjorativement d'élitiste ou d'avant-garde, la majorité  culturellement précaire de la population. La culture dite populaire est elle en général produite en masse et appréciée par un grand nombre. Pour estomper cette différence de classe culturelle tout en conservant à l’art et la culture sa fonction d’expression de l’entendement et de l’imagination, de développement de l’individu et de la collectivité, d’une autre représentation de l’univers, c’est une construction par l’éducation et l’enseignement qui est nécessaire. La culture en deviendra indissociable du patrimoineartistique et de la construction personnelle.

Et c’est la culture qui toute entière s’élèvera sous l’influence de la substance quasi magique de la création.

De Malraux à Jack Lang,  les pouvoirs publics ont forgé le champ de la culture d’abord française puis l’élargissement de celui-ci. Aujourd’hui, la nécessité d’apporter plus de réflexion et de  connaissances, un  fond minimal permettant à  chacun de s’intégrer pleinement à la société et d’élever le niveau de la culture pour tous semble incontournable. Une manière de s’opposer  avec Guy Debord à la société du spectacle née du XXème siècle. Une société de la publicité, de l’image et de la représentation, où l’évolution des technologies sert d’avantage à masquer la Vérité et abrutir les masses, qu’à ouvrir des horizons nouveaux à la création artistique.

C. Schneider

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