Bernard Rodenstein: Pasteur et président de l'association ESPOIR accuse l’UMP

L’équation «  bénéficiaire du RSA = fainéant » doit absolument pénétrer dans l’esprit de l’opinion publique. Ainsi en a décidé le parti du Président de la République, un an avant la prochaine élection.

Après les tirades répétées contre les immigrés, forcément délinquants, voilà les plus pauvres sur le banc des accusés.

A qui profite le crime de la désinformation et de la stigmatisation de groupes entiers de personnes ?

A n’en point douter, au parti majoritaire qui lutte pour son maintien à la tête de notre pays et au Président Sarkozy qui se trouve en mauvaise posture dans les sondages. Avec le front national de la famille        Le Pen, l’UMP joue à faire peur aux électrices et aux électeurs.

Le chômage demeure très élevé. Le pouvoir d’achat est en berne. Les banlieues sont encore à l’abandon, malgré toutes les promesses électoralistes des uns et des autres.

Pour gommer ces échecs, il y a lieu de désigner des boucs émissaires qui seraient responsables des retards accumulés sur tous les plans de la vie publique.

Quelles meilleures cibles que des gens qui peuvent difficilement se défendre et plaider leur cause ? Des gens qui, de toute façon, apparaissent comme étant des « êtres à part » du fait de leur couleur de peau, de leur religion, de leurs noms, de leur modes de vie, de leurs traditions etc.

Si l’attention des électrices et des électeurs peut être détournée utilement des véritables problèmes qui se posent à nos sociétés et pour le règlement desquels les classes politiques au pouvoir se révèlent impuissantes, alors haro, sur les étrangers, sur les assistés, sur les délinquants, en un mot sur les souffre-douleur traditionnels de nos sociétés devenues intolérantes envers les « autres ».

Et tant pis pour l’éthique, la morale, la vérité, s’il faut tordre les réalités pour arriver aux fins désirées au fond des urnes. Trichons, mentons, manipulons, racontons n’importe quoi, pourvu que le résultat y soit.

Tenez, prenons le RSA ! Celles et ceux qui en bénéficient sont des exclus du marché du travail. Il n’y a pas boulot pour eux. Pour s’éviter des troubles sociaux majeurs, l’Etat leur verse des clopinettes pour qu’ils se tiennent à carreau. Mais cela choque, à juste titre, les personnes qui travaillent et qui gagnent à peine autant, ou un peu plus, selon le nombre d’heures obtenues dans un emploi précaire ou à temps partiel.

Pour faire semblant d’être justes et pour jouer les vertueux, les membres de l’UMP exigent donc que ces personnes soient obligées de travailler quelques heures.

Qu’est-ce à dire ?

Pardi, cela signifie qu’il y a donc du travail à proposer à plein de monde actuellement au chômage !

Dans ce cas, pourquoi ne pas remettre les choses dans le bon ordre et commencer par proposer des emplois, de vrais emplois ?

La rémunération coule alors de source. Nous rétablissons ainsi des procédures de droit commun et nous mettons fin aux mesures d’assistance qui choquent, en tout premier lieu, les personnes qui en bénéficient. Elles sont à tel point humiliantes, ces mesures d’aide, que la plupart des impétrants ne les réclament pas et s’enfoncent, en silence, dans les affres de l’exclusion et de l’extrême pauvreté.

J’accuse l’UMP de tricher avec l’opinion publique aux seules fins de regagner les élections. Il est indigne, de la part de responsables politiques, de salir l’honneur de centaines de milliers de personnes sans défense, pour nourrir leur seule ambition de reconquérir le pouvoir.

Bernard RODENSTEIN